Wagner

Le 24 Mai 2010

"Quand j'entends Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne", disait Woody Allen.

Je rajouterais volontiers que Wagner, c'est un peu comme la Toyota Prius ou Isabelle Huppert; ça fait intello-cool d'avouer en public qu'on adore alors qu'en vérité c'est gonflant comme la pluie. Le No Fun absolu.

Quand j'avais 20 ans, mon ami François-Xavier que dans notre grande inventivité nous surnommions FX n'avait qu'un défaut : il aimait Wagner. Pendant deux ans, il m'a pollué la vie avec "le Ring", la suite d'opéra de 16 heures qui n'en finit pas d'en finir. ("Attends, c'est presque terminé", me mentait-il à chaque fois que je souhaitais changer de musique et écouter Jean-Luc Lahaye).

Un soir, j'ai poussé l'amitié à l'accompagner à l'Opéra de la Monnaie à Bruxelles pour assister à la première de "Tristan et Iseult". Après trois heures de spectacle, quand les lumières se sont rallumées, mon ami avait les yeux inondés des larmes de l'émotion artistique. "Oh, FX, c'était merveilleux, comment te remercier?", lui dis-je hypocritement.  Je me rappelle de sa réponse "Tu me remercieras à la fin, là c'est l'entracte" et d'avoir alors pleuré à mon tour.

Richard Wagner interprète Elton John, 1873

Blague dans le coin, après plus de vingt ans, je me dois de remercier FX pour la découverte de ce lied magnifique "Wesendonk Lieder, Der Engel", unique composition wagnérienne que je puisse écouter aujourd'hui, et ce même pendant 16 heures.

ytaudio(46VxWqLDDCU)