Les coyotes

Le 27 Mars 2010

Je sais qu'ils sont plusieurs milliers autour de chez nous, qu'ils rôdent dans notre quartier près des canyons. Pourtant, jusqu'à cette semaine, je n'avais encore jamais vu un coyote. Dans la nuit de mercredi, nous en avons surpris un dans la lueur des phares. Il n' a pas bougé, nous toisant froidement de son regard jaune depuis le bas-côté de la route. On dit qu'ils sont habitués à la présence humaine; je ne suis pas convaincu que l'inverse soit vrai.

L'autre espèce animale avec laquelle je n'ai toujours pas été confronté est le républicain. Tous les américains que nous rencontrons ici ont honte de Bush, sont pour le Healthcare Bill d'Obama ou la légalisation du mariage gay. On se demande parfois où se cachent les 100 millions de personnes qui ont revoté pour W en 2004?

Après les coyotes, les renards : on sait tous que Fox News supporte le programme républicain. Ce que j'ignorais, c'est à quel point l'information (ou plutôt la propagande) est déformée, simplifiée et manipulée afin que le sentiment conservateur du spectateur soit galvanisé au plus haut degré. Le présentateur le plus populaire de Fox News est sans contexte Glenn Beck. Son émission est une grande ratatouille épicée de slogans où se mêlent nazisme, darwinisme, écologie, apocalypse, ennemi de la nation, conspiration et diable. Au lendemain de 9/11 il a lancé un mouvement intelligemment appelé 9/12 project (http://www.the912project.com/), soit 9 valeurs et 12 principes ou le contraire, je ne sais plus. Pour mieux déclencher la paranoïa et l'émotion du spectateur bi-neuronés mangeant sa soupe, Glenn a une arme encore bien plus affûtée que les mots ou les violons omni-présents de son émission : il pleure. Et il pleure bien et souvent.

httpv://www.youtube.com/watch?v=rM4xqnukQrM

Si il est sans doute dangereux, l'homme n'est pas fou et assume totalement son fonds de commerce. A l'instar de Bush, Glenn Beck personnifie les aspects les plus nauséabonds de l'Amérique que nous aimons détester et dont les crétins anti-américains se servent comme unique source d'arguments. A nous de ne pas faire d'amalgame et tomber à notre tour dans le piège des clichés. Après tout, si je n'ai pas encore rencontré de conservateurs américains, il n'y a pas de raison qu'ils soient plus repoussants (non, non, ce n'est pas un cliché) que leurs homologues européens. Des deux côtés de l'Atlantique, un coyote est un coyote.